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Quand les Scandinaves émigraient en Amérique du Nord… ou ailleurs

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Pour mieux saisir ce que sont les États-Unis aujourd’hui – aujourd’hui encore – il n’est pas inutile de tenter de comprendre l’histoire de leur peuplement. Plusieurs livres d’auteurs des Pays nordiques traitent de ce sujet. N’en citons que quelques-uns, sans souci d’exhaustivité. D’abord l’incontournable, le récit de ces Suédois partis tenter leur chance à des milliers de kilomètres de chez eux : La Saga des émigrants de Vilhelm Moberg. Huit volumes en français, puis réunis en deux livres épais. L’histoire de paysans très pauvres du Småland qui, au cours des premières décennies du XIXe siècle, quittèrent massivement la Suède (un quart de la population totale !) pour s’établir majoritairement dans la région des Grands lacs. Une épopée prenante, majestueuse, qui donne vie à quantité de personnages dont le couple Kristina-Karl Oskar. On peut aujourd’hui voir leur statue çà ou là, notamment à Karlshamn. Côté norvégien, citons Ole Edvart Rølvaag (1876-1931), auteur bien oublié aujourd’hui, qui signe en deux volumes une fresque assez comparable, quoique moins épique, à celle de Moberg. Avec La Trilogie du Minnesota, Vidar Sundstøl part d’un fait divers macabre, le meurtre d’un jeune campeur dans une forêt bordant le lac Supérieur, pour retracer l’histoire des ancêtres du narrateur, des colons norvégiens à la fin du XIXe siècle. Bjørn Gabrielsen (né en 1976) s’est attaché, lui aussi, à retrouver Outre-Manche, de New York à Québec, les traces de ses ancêtres. Aucun éditeur ne pouvait publier un tel livre en France, décousu et désopilant, sinon Gaïa.

Dans Fin d’été, Johan Theorin évoque encore, de manière plus anecdotique, la figure de ces émigrants en quête de travail et de justice sociale. Sauf que l’un de ses personnages est un communiste convaincu et que, contrairement à la plupart de ses contemporains, il met le cap avec son neveu sur l’URSS stalinienne, le « Pays neuf ». Et que le paradis n’est pas au rendez-vous.

 

Vilhelm Moberg, La Saga des émigrants (Utvandrarna, Invandrarna, Nybyggarna, Sista brevet till Sverige, 1949-1959), trad. Philippe Bouquet, Gaïa, 1999-2000

Ole Edvart Rølvaag, Pionniers (I de dage, 1924), trad. Eugène Rocart et Nils Luhr, éd. de la Paix, 1946 ; Fils de pionniers (Peder der seier, 1928), trad. S. M. Lange et Eugène Rocart, Le Choix du livre, 1950

Bjørn Gabrielsen, Harengs des steppes (Lutefisk på prærien, 2001), trad. Alexis Fouillet, Gaïa, 2007

Johan Theorin, Fin d’été (Rörgast, 2013), trad. Rémi Cassaigne, Albin Michel, 2015

Vidar Sundstøl, La Trilogie du Minnesota : Terre des rêves (Drømmenes land, 2008), Seuls les morts ne rêvent pas (De døde, 2009), Corbeaux (Ravnene, 2011), trad. Hélène Hervieu et Eva Sauvegrain, Grasset, 2011-2013