Cinéma

Le Bonhomme de neige

Unknown 300

Quoi qu’en disent ici ou là un certain nombre d’esprits chagrins, force est de reconnaître que, signée Tomas Alfredson, Le Bonhomme de neige est une bonne adaptation cinématographique du roman éponyme de Jo Nesbø. La Norvège est un beau pays et elle sert merveilleusement de décor à une intrigue qui demandera quasiment deux heures avant de se conclure. Le roman de l’écrivain, comme toujours particulièrement dense, est respecté, par forcément à la lettre mais une adaptation est une adaptation et l’intrigue n’a pas été transformée. Le rythme est lent et le spectateur ne peut que se laisse envouter par le jeu des acteurs dans des paysages grandioses.

 

* Tomas Alfredson, Le Bonhomme de neige (2017)

Lilyhammer

Gangster new-yorkais, Franck Tagliano se voit contraint, pour sauver sa peau, de donner le nom de son rival à la police. Dans le cadre de la protection des témoins, une nouvelle identité lui est fournie par le FBI. Il s’appellera Johnny Henrikssen et résidera dorénavant à Lillehammer (« Lilyhammer » avec l’accent américain), en Norvège, la ville des Jeux olympiques de 1984, dont il garde un si bon souvenir. Les premiers épisodes de la série signée Anne Bjørnstad et Elif Skodvin sont désopilants, tant le contraste est grand entre les deux cultures, le chacun pour soi des maffieux de New York et la prévenance presque à outrance des habitants de cette petite ville perdue au centre d’un pays excentré et bien froid... Trois saisons (de huit épisodes chacune), c’est peut-être beaucoup, ça s’embourbe un peu. Mais ne boudons pas notre plaisir, on rigole, c’est plus fin qu’on pourrait le penser : le mauvais garçon, d’abord rétif aux notions d’égalité ou d’État-providence, finit par se sentir bien dans ce « pays des secondes chances » où la bonne volonté prime sur la force brutale. Une bonne série.

 

* Anne Bjørnstad & Elif Skodvin, Lilyhammer, saison 1-3 (2012-2014)

 

Pas évident de faire passer une jeune fille, actrice juive dans la Norvège occupée, pour un jeune garçon. C’est pourtant l’exercice auquel se livre Ross Clarke (né en 1966), le réalisateur australien de ce film, The Bird catcher. Esther fuit sa ville de Tromdheim pour se réfugier dans une ferme, dont le propriétaire est un ami des nazis. Pour sauver sa peau, elle change d’identité et en vient, contre son gré, à agir comme ses hôtes. « D’après une histoire vraie » est-il indiqué sur la jaquette du DVD. De très beaux paysages, la Norvège est la Norvège, mais sinon... Bof, bof !

 

* Ross Clarke, The Bird catcher (2017), AB Vidéo

La Bataille de l’eau lourde

Sur cet épisode crucial de la Deuxième Guerre mondiale, on connaissait le film Les Héros de Télémark (1965) de Anthony Mann, avec, notamment, Kirk Douglas. Ce film de Jean Dréville (1906-1997), La Bataille de l’eau lourde, est sorti au lendemain de la guerre et se veut à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, plusieurs des protagonistes de cette bataille jouant ici leur propre rôle. Les Allemands cherchent à s’emparer de l’eau lourde produite dans un seul endroit au monde, l’usine Vemork, près de Rjukan, en Norvège, pour fabriquer une arme secrète et nouvelle, la bombe atomique. Les Alliés doivent à tout prix les en empêcher. Le courage ne leur manque pas. Film intéressant, incontestablement.

 

* Jean Dréville, La Bataille de l’eau lourde (1947), Éditions Montparnasse, 2019

 

Une Porte vers l’enfer

51z0rj5et0l sy445

Voici un film qui se joue des genres. Film d’horreur ? À peine, puisque les scènes sanglantes font défaut. D’humour ? Au troisième degré, alors. De Trygve Allister Diesen (né en 1967, et réalisateur de séries télé d’après les œuvres de Arne Dahl, Åke Edwardson ou Gunnar Staalesen), Une Porte vers l’enfer est un film qui nous montre une jeune institutrice danoise, Julia (jouée par Sofie Gråbøl, l’héroïne de The Killing) mutée dans l’école d’une petite île du nord de la Norvège. Une communauté religieuse règne et accepte mal le caractère enjoué de la nouvelle arrivante. Aucun intérêt, si ce n’est quelques belles vues de cette région, le Finnmark.

 

* Trygve Allister Diesen, Une Porte vers l’enfer (1997), New Tone

The Last king

Norvège, 1204. Les Birkebeiner s’affrontent aux Bagler. Le roi est assassiné, son fils illégitime, un bébé, est recherché, sa vie est menacée. Combats au corps à corps, courses poursuites à ski et à cheval dans les forêts enneigées, humour... Ne serait-ce que pour la beauté des images, des paysages, on peut regarder ce film, bien plus intéressant que ce que l’affiche laisse penser.

 

* Nils Gaup, The Last king (Birkebeinerne, 2016), Metropolitan Filmexport

Factotum

Factotum, de Bent Hamer (né en 1956), est un film qui relate la vie de l’Américain Charles Bukowski (1920-1994) d’après un roman dudit écrivain. C’est bien tourné mais on aime ou on aime moins le personnage (alcoolo, provocateur, nombriliste – serait-ce une fin en soi ?) et dans ce second cas, on peut se passer de voir ce film, sinon pour en écouter la musique.

 

* Bent Hamer, Factotum (2005)

 

Mammon (saison 2)

La deuxième saison de cette série, Mammon, est de la même qualité que la première. Elle se laisse voir, même si, au fur et à mesure des épisodes, la lassitude gagne le spectateur car tout est bien compliqué et toujours sur le même schéma. À présent, c’est un journaliste d’investigation, collègue de Peter Verås, qui est assassiné. Les djihadistes seraient-ils responsables ? Ou l’extrême droite ? Ou des politiciens locaux ? Il semble bien que cette piste soit la plus sérieuse, comme l’attestera le dernier rebondissement.

 

* Janic Heen, Mammon (saison 2, 2017)

La Traversée

La traversee dvd

Signé Johanne Helgeland, ce film, La Traversée, est tiré d’un roman de Maja Lunde (Une Histoire de chevaux et d’hommes, Bleue, etc.). Norvège, 1942. Les Juifs sont pourchassés par les troupes d’occupation allemandes. Une famille protège deux enfants dans sa cave. Quand les nazis les recherchent, ils doivent partir vers la Suède, escortés par Gerda, dix ans, et son frère Otto, treize ans. De beaux paysages (forêts de pins sous la neige), amitié, courage, et Allemands méchants mais pas que... Gentil. Tient la comparaison avec Un Sac de billes, comme indiqué sur la jaquette.

* Johanne Helgeland, La Traversée (Flucten over grenset, 2020), Program store, 2020

 

 

La Guerre des drones

Ce n’est pas une guerre de jeu vidéo, rappelle le commentaire du film de la Norvégienne Tonje Hessen Schei (née en 1971), La Guerre des drones. « Les drones ont tout changé. » Tout – la façon de faire la guerre ; ses conséquences ; les victimes, plus souvent civiles que militaires ou « militantes ». Celle-ci peut se passer au Pakistan et les soldats lanceurs de drones se trouver, eux, dans une base militaire du Nevada. Sous l’administration Obama, l’armée a recruté de jeunes soldats, « petits génies de la technologie », adeptes des jeux vidéos, et intensifié l’usage de cette arme nouvelle. Avec les drones, plus aucune région du monde n’est à l’abri. Un documentaire d’actualité.

 

* Tonje Hessen Schei, La Guerre des drones (2014)

Occupied

Unknown 89

On pouvait craindre une série télévisée pleine d’action et de violence dans cette première saison d’Occupied, de Jo Nesbø : heureusement, il n’en est rien. Après une catastrophe écologique, le gouvernement norvégien, dirigé par un Premier ministre vert, renonce à l’utilisation de l’énergie fossile. Les plates-formes pétrolières en Mer du Nord vont donc fermer. Mais l’Union européenne ne l’entend pas de cette oreille, pas plus que la Russie, qui envoie des commandos reprendre l’exploitation et veille à ce que le gouvernement, à Oslo, fasse profil bas. La Norvège se retrouve donc occupée par des troupes russes qui prétendent ne pas intervenir dans les affaires intérieures du pays – sauf lorsque celles-ci les concernent directement. Le Premier ministre temporise, pour éviter toute réaction armée des Russes, sachant que la Norvège, seule, ne ferait pas le poids et qu’il risquerait d’y avoir de nombreux morts. Divers personnages autour de lui approuvent ou contestent son attitude et le régime russe apparaît plus oppressant que jamais (ce qui a justifié des protestations tout à fait officielles de Moscou). La tension ne se relâche pas au cours des dix épisodes de cette première saison et il faut reconnaître que Jo Nesbø se sort plutôt bien de cette incursion dans le genre de la politique fiction.

Occupied (saison 2)

61fupipjuul sy445

La première saison de cette série télévisée imaginée par Jo Nesbø, Occupied, montrait la Norvège dirigée par un Premier ministre écologiste, qui abandonnait l’exploitation du pétrole en mer du Nord pour passer à l’utilisation de sources d’énergie « propres ». Le pays se voyait alors occupé par les troupes russes, appuyées tacitement par le parlement européen qui souhaitait la poursuite de l’exploitation des plate-formes pétrolières. À présent, dans la deuxième saison, les Russes occupent la Norvège depuis dix-sept mois. Un accord de paix a été conclu entre la Norvège et la Russie. Jesper Berg, le Premier ministre, s’est réfugié à Stockholm. « Les Russes sont en train de préparer une guerre défensive en Norvège », apprend-il par un garde-côte membre de la résistance qui s’est mise en place. Anita Rygg est nommée Première ministre. Cette série rappelle évidemment des pages très sombres de l’histoire norvégienne (et des parallèles sont possibles avec l’histoire française). Comme le dit l’un des personnages, c’est la deuxième fois au cours de son histoire que la Norvège est occupée par les soldats d’une puissance étrangère. La constitution d’une force armée opposée aux Russes, la « Norvège libre », divise l’opinion publique et le gouvernement norvégien, dont une partie accepte plus ou moins de collaborer. Jesper Berg dans le rôle de Haakon VII et Anita Rygg dans celui de Quisling ? L’Europe tergiverse et ne réagit pas. Les Russes jouent constamment sur les limites qu’ils peuvent atteindre, alternant plaintes et menaces. Tout est crédible ou quasiment, hélas ! dans cette politique fiction censée se passer aujourd’hui. Que les Russes veuillent faire main basse sur le pétrole norvégien ou qu’ils brandissent un autre prétexte, ils représentent pour beaucoup de pays un danger. Songeons à l’Ukraine, voire au joug qui pèse sur les Pays baltes. Les interactions entre les personnages n’altèrent pas l’intrigue, ce qui est un tour de force dans une série de cette envergure. Intelligent et bien conçu. À voir, de toute évidence.

 

* Jo Nesbø, Occupied (saison 2, 2017), Arte (2018)

En eaux troubles

19202250

Jan Thomas a purgé une longue peine de prison pour le meurtre d’un enfant, crime qu’il nie avoir commis bien qu’il en soit tout de même responsable, avec un autre adolescent : le vol d’un landau qui vire au drame. À sa sortie, ce musicien hors-pair est embauché comme organiste dans une église d’Oslo. Il noue une relation avec la pasteure, elle-même mère d’un enfant qui lui rappelle sa victime. Mais échappe-t-on à son passé ? Montrant en parallèle deux points de vue forcément opposés, celui de la mère de l’enfant et celui du meurtrier présumé, Erik Poppe (né en 1960) réalise là un bon film, émouvant et pas du tout simpliste, sur la rédemption et la possibilité ou non d’une « seconde chance ».

 

* Erik Poppe, En eaux troubles (De Usynlige, 2008), Jour2fête, 2009

 

L’Épreuve

109836 jpg c 215 290 x f jpg q x xxyxx

Rebecca est photographe de guerre. Elle assiste ainsi à la préparation, avec un gilet d’explosifs, d’une jeune femme kamikaze à Kaboul. Quand l’explosion survient, en pleine rue commerçante, elle manque d’y laisser sa peau parce qu’elle a voulu prendre des clichés jusqu’au dernier moment. De retour en Irlande, Marcus, son époux, lui reproche de ne pas penser à lui et à leurs deux filles. « Tu pues la mort », lui dit-il. Mais Rebecca a l’impression d’être utile. Photographe de guerre lui-même avant d’être réalisateur de longs métrages, le Norvégien Erik Poppe livre avec L’Épreuve un film très fort. Rien à voir avec Dans l’intérêt de la nation, qui met en scène Hamilton, l’agent des services secrets suédois, de Jan Guillou, même si l’Afghanistan apparaît dans l’un et l’autre film comme un territoire où règne une violence extrême. Songeons plutôt au film de Lisa Ohlin, Walk with me (2016) ou à celui de Tobias Lindholm, A War (2015). L’Épreuve est aussi un subtil portrait de femme. Un beau film.

 

* Erik Poppe, L’Épreuve (2013), Condor (2015)

 

Utøya 22 juillet

On sait, hélas, à quoi correspond cette date, 22 juillet – 2011. Et ce lieu, Utøya – une petite île à quarante kilomètres d’Oslo, sur laquelle de jeunes militants du Parti travailliste norvégien séjournaient. Une université d’été, dirait-on en France. Le drame. Ou les drames. D’abord, à 15 heures, une explosion dans la capitale, dans le quartier des ministères (huit morts). Puis, alors que la nouvelle parvient à peine à Utøya, un militant d’extrême droite débarque – l’auteur de l’attentat d’Oslo –, vêtu en policier, et se met à tirer sur les jeunes hommes et les jeunes filles qu’il aperçoit (soixante-neuf morts). Il tue, sans rencontrer de résistance. Pour cause, puisque tous sont ici pour se former à la vie politique et profiter du charme des lieux, que tous prônent la paix et l’amour universel. Ils ont quinze, seize ou dix-sept ans et sont sans défense. Des gosses. Qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Un carnage. Le salopard dont les Norvégiens préfèrent toujours ne pas prononcer le nom bénéficiera d’un procès équitable et écopera d’une longue peine de prison. Il aura l’outrecuidance de se plaindre de ses luxueuses conditions de détention et il trouvera même des éditeurs, notamment en France, pour publier ses pensées – un ramassis d’immondices censé justifier sa lâcheté. Le cinéaste Erik Poppe a déjà signé quelques beaux films. Il prenait un risque énorme en s’attaquant à un tel sujet, raconter sur grand écran la pire tragédie survenue en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale. Une fiction, pas un documentaire. Pari réussi, nous contenterons-nous d’observer – sauf à considérer qu’il était impossible de faire un film sur un drame de cette ampleur, si peu d’années après. Ce film montre, puisqu’il est toujours nécessaire de l’affirmer, que les idées d’extrême droite, « dédiabolisées » ou non, sont intrinsèquement meurtrières.

 

* Erik Poppe, Utøya 22 juillet (U, July 22, 2018), Potemkine

Acquitted

Excellente série ! D’un bout à l’autre (dix épisodes de trois quarts d’heure chacun pour cette première saison), cette série norvégienne tient le spectateur en haleine. Pourtant, très peu de violence à l’écran. Juste un meurtre, commis vingt ans auparavant, pour lequel aucun coupable n’a été condamné. Un jeune homme a été acquitté. Point. Mais quand il revient au pays, maintenant puissant chef d’entreprise, marié et père d’un enfant, dont la vie se passe en Malaisie, Aksel Nilsen est mal accueilli. La suspicion est toujours là. Et qu’il permette à sa société de racheter l’entreprise norvégienne tenue par la mère de cette jeune fille assassinée, qui le considère comme le coupable et n’a qu’un objectif, rouvrir l’enquête, attise les haines contre lui. Les renversements de situation se succèdent. L’argent ne donne pas tous les pouvoirs, constate benoîtement le héros qui n’en est pas vraiment un – mais qui finit presque par forcer la sympathie. Tous les acteurs semblent être ici au mieux de leur forme (le dernier épisode est remarquable).

 

* Siv Rajendram Eliassen et Anna Bache-Wiig, Acquitted (Frikjent), saison 1 (2015)

Kon-Tiki

Kon tiki

On a tous entendu parler de l'expédition du Kon-Tiki, en 1947. Le Norvégien Thor Heyerdahl prétendait que la population de Polynésie était originaire du Pérou. Beaucoup de scientifiques se montrèrent sceptiques ou lui rirent carrément au nez, mais l'expédition qu'il monta pour traverser l'océan Pacifique sur un radeau avec quelques compagnons de voyage fut un succès. Il la raconta dans un livre éponyme. Aujourd'hui, le film signé Joachim Rønning et Esper Sandberg, Kon-Tiki, relate ce défi mené parmi les requins et souvent dans la tempête. Palpitant.

 

* Joachim Rønning & Esper Sandberg, Kon-Tiki (2012), Swift

 

Voyage au bout de la Terre

 

Titré originellement Admundsen, ce film du cinéaste Espen Sandberg (né en 1971 et réalisateur de Pirates des Caraïbes), Voyage au bout de la Terre, retrace la vie du célèbre explorateur norvégien. Roald Admundsen (1872-1928) fut en effet le premier homme, avec son équipe, à parvenir au Pôle Sud et le premier à survoler le Pôle Nord. Il trouva la mort dans l’océan Arctique alors qu’il effectuait un voyage de sauvetage pour d’autres explorateurs. Une personnalité norvégienne au centre d’un film grand public, qui se laisse regarder, sans plus.

 

* Espen Sandberg, Voyage au bout de la Terre (Admundsen) (2019)

 

 

 

Pioneer 

Unknown 287

Norvège, 1980. Du pétrole est découvert au large des côtes mais à une telle profondeur, que l’État norvégien demande l’aide des États-Unis pour l’installation de pipe-lines. Des plongeurs sont envoyés sur place. L’un meurt mystérieusement. Son frère, également plongeur, veut savoir le fin mot de l’histoire et mène l’enquête. Peut-être pas un « thriller politique », comme l’indique la jaquette du DVD, mais, signé Erik Skjolbjærg (né en 1964 et auteur du très bon film Hold up, 2010), Pioneer est un film, qui se laisse voir avec plaisir et qui pose la question de la rentabilité à tout prix de telles exploitations off-shore. Quel coût humain (et éventuellement, last but not least, quel coût environnemental) ?

 

* Erik Skjolbjærg, Pioneer, 2015, KMBO

Insomnia

Sur un scénario de Nikolaj Frobenius et réalisé par Erik Skjoldbjærg, Insomnia est un film policier bien mené, même si beaucoup de questions qu’il soulève restent sans réponse. À commencer par celle-ci : pourquoi deux policier suédois interviennent-ils pour un crime commis sur une jeune fille, au nord de la Norvège ? L’un des deux semble compromis : à quel titre ? Un écrivain est suspecté, un certain John Holt... Est-ce pourquoi l’intrigue est un peu embrouillée ?

 

* Erik Skjoldbjærg, Insomnia (2002)

Next door

Next door (Fantasmes sanglants), de Pål Sletaune (né en 1960) met en scène un homme d’une quarantaine d’années, dans un immeuble de Copenhague, et ses deux nouvelles voisines. Faire leur connaissance l’emmène à replonger dans son passé et à s’interroger sur ses actes. Est-il un homme violent qui frappe les femmes ? Culpabilité, paranoïa, persécution ?... Gentiment sanglant...

 

* Pål Sletaune, Next door (Fantasmes sanglants), 2005

Mammon (saison 1)

Journaliste à Oslo au sein du quotidien norvégien le plus réputé, Peter Verås s’apprête à sortir une affaire financière à laquelle son frère Daniel est mêlé. Ce dernier se suicide, Peter a le mauvais rôle. Mais cinq ans plus tard, de nouveaux éléments surgissent, transmis par Daniel, peu avant sa mort, à une avocate. Un autre homme se suicide, lui aussi mis en cause dans des malversations financières. Les dessous du monde des affaires ? Une série qui, à juste titre, a rencontré un grand succès en Norvège bien que l’ensemble, comparé ici ou là à Millénium, soit peu crédible. Les crimes les plus affreux pour tenir au silence les acteurs de délits financiers de très haut niveau ? Plausible, bien sûr, mais Peter Verås seul contre tous... Un peu trop !

 

* Vegard Stenberg Eriksen, Mammon (saison 1) (2014)

Sunshine superman

Si vous êtes sujet au vertige, ne regardez pas ce documentaire ! Sunshine superman raconte en effet la vie de Carl Boenish (1941-1984), inventeur d’un sport extrême appelé le « Base jump », qui consiste à sauter de gratte-ciel ou de hauts sommets, notamment dans les montagnes norvégiennes. Comme l’illustre sa mort, lors d’un saut en Norvège.

 

* Marah Strauch, Sunshine superman (2014)

Back home

Unknown 330

Film intimiste sur la disparition d’une femme – épouse, mère et amante – Back home, de Joachim Trier, se laisse regarder. Photographe et grande reporterre, Isabelle est victime d’un accident de la route lors d’un de ses retours dans sa famille, aux États-Unis. Accident ou... suicide ? Trois ans après, alors qu’un article la célèbre dans un grand quotidien, son mari et leurs deux enfants, l’un de quinze ans et l’autre plus âgé d’une dizaine d’années, peinent à s’en remettre. Joachim Trier (né en 1974, petit-fils du réalisateur norvégien Eric Løchen et apparenté à Lars von Trier, et réalisateur de Oslo, 31 août) dit s’être inspiré pour Back home de la pièce de théâtre d’Arthur Miller, Mort d’un commis voyageur, qui était un hommage à Henrik Ibsen. Un film pour dimanche pluvieux.

 

* Joachim Trier, Back home (2015), Memento films, 2016

 

Thelma

1588320 jpg c 215 290 x f jpg q x xxyxx

Aborder la religion sous l’angle psychanalytique, c’est ce que tente de faire le cinéaste Joachim Trier dans Thelma. Frêle jeune fille, Thelma vient de s’inscrire en biologie, à l’université d’Oslo. L’occasion pour elle de découvrir comment le monde fonctionne, ce qui laisse de marbre ses parents, bigots qui la rabrouent lorsque ses questions portent sur la religion. Pourquoi la Terre ne serait-elle pas âgée de seulement six mille ans ? Thelma fait la connaissance d’Anja, étudiante comme elle. Les deux filles tombent amoureuses l’une de l’autre. Mais Thelma est victime de crises d’épilepsie et pour se soigner doit replonger dans son passé. Rompre avec ses parents, intrusifs au possible, est-elle la seule solution pour elle ? Thelman’est pas un film fantastique, en dépit de certaines scènes, mais un film remarquable, débordant de sensibilité.

 

* Joachim Trier, Thelma(2017), Le Pacte (2018)

 

The Wave

Unknown 253

Imaginez : un pan de montagne s’effondre au-dessus d’un fjord de Norvège. Un tsunami ravage la ville de Geiranger et un hôtel, au bas du fjord. Le décor est somptueux – la Norvège – mais l’intrigue, des plus simples. Comme dans Le Jour d’après ou d’autres films catastrophes de cet acabit, il faut absolument sauver une famille qui n’a pas été très prudente. Les effets spéciaux abondent et tout se finit aussi bien que possible, mais sinon… Guère d’intérêt.

 

* Roar Uthaug, The Wave (2015)

Les Optimistes

092880

Présenté comme un « documentaire », Les Optimistes est presque comme un film de fiction, et c’est plutôt un compliment car le sujet n’est pas des plus commerciaux : une équipe de volley norvégienne constituée de femmes âgées de soixante-six à quatre-vingt dix-huit ans décide d’affronter une équipe de volleyeurs suédois également séniors. La réalisatrice Gunhild Westhagen Magnor (née en 1976) nous les montre en train de s’entraîner, ou de discuter au sujet du voyage à entreprendre à Solentunna, ou encore chez elles, dans leur vie quotidienne. Chacune de ces femmes échappe à cette catégorisation-stigmatisation de plus en plus imposée de nos jours : outre le sexe, n’y a-t-il pas souvent obligation de se définir par rapport à son âge, son origine ethnique, sa profession actuelle ou antérieure, etc. ? Bien que les années aient imprimé leurs marques, aucune de ces femmes ne cède aux lamentations et de là vient le charme de ce film, Les Optimistes, du nom de cette équipe de volley qui existe réellement en Norvège et qui, après ce film, a même fait des émules.

 

* Gunhild Westhagen Magnor, Les Optimistes (2015), Jour 2 fête/Pick up

The Tunnel

The tunnel dvd

Il y avait eu The Wave, voici The Tunnel, de Pål Øie, dans le même registre. Les magnifiques paysages de Norvège servent de décor, dès lors que l’action quitte le tunnel de 9 kilomètres de long dans lequel des automobilistes et des routiers se retrouvent coincés suite à un accident. Une citerne d’essence explose et c’est la catastrophe. Heureusement, un courageux secouriste parviendra à sauver sa fille, qui était partie en colère parce que gingningnin... Toujours les mêmes trames dans ce genre de films : le monde peut bien s’écrouler, l’humanité quasiment disparaître, un héros (une force de la nature pas trop mal de sa personne) regarde son nombril et décide de mettre les siens à l’abri (plus, ici, deux petites filles : ah, l’altruisme !). Pas sûr que le jour d’après soit plus beau que celui d’avant ! The Tunnel : à voir pour qui n’a vraiment rien de mieux à faire.

* Pål Øie, The Tunnel (2019), AB Vidéo (2020)

 

Le 12ème homme

Film de guerre, Le 12ème homme ? Assurément, avec le grand nord norvégien pour cadre. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, en 1943, douze résistants norvégiens embarquent à bord d’un avion pour une opération de sabotage. L’avion est abattu et onze hommes sont rattrapés par les Allemands, qui les torturent et les fusillent. Le douzième prend la fuite. C’est sa cavale qui est ici contée, un épisode véridique de la résistance. Il se dirige vers la Suède, neutre, pour revenir, espère-t-il, en Grande-Bretagne, se refaire une santé, et repartir combattre. Un film dur, émouvant de Harald Zwart (né en 1965), réalisateur habitué à des sujets plus légers.

 

* Harald Zwart, Le 12ème homme (2017), Program Store

 

Download 148

Mortal

Mortal n’est pas le premier film fantastique en provenance de Norvège, loin de là. Ni terrifiant ni très drôle, il brille par la réussite de ses effets spéciaux – ah, cette scène au milieu d’un pont sur un fjord avec les éclairs qui s’abattent de tous côtés ! Eric, un jeune américano-norvégien venu dans une ferme retrouver sa famille est accusé d’avoir mis le feu et assassiné cinq personnes. Plus un jeune homme qui l’agresse durant sa fuite et qu’il tue aussi malgré lui. Il semble doté de pouvoirs spéciaux – d’où lui viennent-ils ? Jeune psychologue au service de la police, Christine va tenter de comprendre et tomber amoureuse de lui. Le mythe de Thor est ici revu et actualisé. André Øvredal (né en 1973) n’en est pas à son coup d’essai puisqu’on lui doit, parmi d’autres films de la même veine, The Troll hunter (2010) ou The Autopsie of Jane Doe (2016). Mortal revisite la mythologie nordique. Un grand plaisir.

* André Øvredal, Mortal (Torden, 2020), Wild Side (2020)