Société

Desserts hygge

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Signé Brontë Aurell, Desserts hygge contient une soixantaine de recettes particulièrement savoureuses, que l’auteure propose à ses clients dans sa pâtisserie londonienne. Toutes sont plutôt simples à faire et ne nécessitent pas de grandes compétences ni de matériel adéquat : muffins aux myrtille, brownie de Loki, gâteau aux pommes norvégien, biscuits « rêve » suédois, gâteau de Silvia, etc. Avec quelques jolies photos de paysages nordiques et des considérations sur l’habitude bien ancrée du fika et une tentative d’étymologie de ce mot. « Les Scandinaves ont toujours confectionné des pâtisseries eux-mêmes ; nous privilégions toujours les gâteaux maison aux produits industriels, c’est comme ça que nous gardons la santé. » S’il existe un livre pour les gourmands, il s’agit de celui-ci, Desserts hygge.

 

* Brontë Aurell, Desserts hygge (ScandiKitchen, fika & hygge, 2016), trad. de l’anglais Améline Néreaud, First, 2017

Hygge

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Les éditeurs suivent la voie du succès prévisible. Lequel, heureusement, ne garantit pas toujours le succès. Après avoir inscrit, quasiment tous, des romans policiers nordiques à leur catalogue, voilà qu’ils nous proposent avec une belle unanimité la « recette danoise du bonheur », autrement dit les leçons à retenir du hygge. Ainsi s’intitule, tout simplement, l’ouvrage de Pia Edberg proposé par les éditions Dunod. Hygge, ou comment « se réjouir des choses simples », comme l’indique le sous-titre. Danoise, psychologue et coach qui vit aujourd’hui au Canada (et se livre à la lecture de cartes de tarots !), Pia Edberg nous explique que « ce qui compte, c’est le rapport aux autres » et « le plus important, c’est la simplicité ». Autrement dit, « le hygge est une notion simple, qui consiste à apprécier les petites choses de la vie ».

 

* Pia Edberg, Hygge (The Cozy life, rediscover the joy of the simple things through the danish concept of hygge, 2016), trad. de l’anglais Xavier Kemmlein, Dunod, 2017

La Vie en famille

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« Une famille n’est plus simplement papa, maman et les enfants », note le thérapeute et conférencier Jesper Juul (né en 1948) en introduction de son essai La Vie en famille. « Être mère seule ou père seul au foyer n’est plus forcément considéré comme le signe d’un échec social ou d’un fiasco amoureux. Sont aussi apparues les familles recomposées… » Pour tenter de remédier aux maux qui aujourd’hui disloquent les familles, traditionnelles ou recomposées, Jesper Juul met en avant ce qu’il appelle quatre valeurs : équidignité, intégrité, authenticité et responsabilité. Ces valeurs sont « transculturelles », estime-t-il, et, ensemble, forment un « socle fondamental » sur lequel retisser les liens distendus. Il va, dans son livre, donner des exemples : quand ces valeurs ne sont pas mises en application et quand elles le sont, et montrer que la vie familiale pourrait être beaucoup plus simple. Jusqu’au moment, toutefois, où ces quatre valeurs s’affrontent à celles « de l’économie de marché ». « On peut d’ailleurs se demander s’il est encore possible de se comprendre en tant qu’être humain aujourd’hui sans avoir compris l’économie de marché, ses mécanismes et sa philosophie. » Replacer une problématique particulière dans un contexte plus large n’est pas inutile, en effet. La Vie en famille est un livre riche d’arguments.

 

* Jesper Juul, La Vie en famille (Livet i familien, 2004), trad. David Dutarte, Fabert, 2017

 

De l’obéissance à la responsabilité

La suppression des fessées, leur mise hors-la-loi, a provoqué bien des réactions. Les relations entre enfants et adultes évoluent et des avis fort différents se font entendre. Dans l’essai intitulé De l’obéissance à la responsabilité, sous-titré « Compétence relationnelle en milieu pédagogique », Jesper Juul et Helle Jensen, après avoir rappelé l’évolution de la pratique pédagogique dans les Pays nordiques, tentent de comprendre les positions des uns et des autres et leurs enjeux. « Pour nous, l’équidignité n’est pas un terme politique », préviennent-ils dans leur préface aux éditions anglaises et françaises. « Nous ne prétendons pas que les enfants soient ou doivent être égaux avec les adultes en termes de pouvoir. Le terme équidignité attire l’attention sur le fait que les réactions cognitives, verbales, non verbales et émotionnelles des enfants sont des messages significatifs et qu’elles doivent toutes être prises en considération avec sérieux. » Partant de la notion d’obéissance, qu’ils ne portent pas aux nues, les deux auteurs soulignent combien il est important que l’enfant se sente estimé pour ce qu’il est, pour ce qu’il fait, pour ce qu’il est capable de faire. Aux adultes, de fait, de développer une « compétence relationnelle » avec eux, laquelle n’est jamais préalablement gagnée. Ainsi, l’estime de soi supplantera-t-elle l’obéissance et une relation d’équidignité enfant-adulte pourra-t-elle se mettre en place. Nous ne saurions ici, si brièvement, résumer l’intérêt de ce livre pour tous les « professionnels de l’éducation », amenés à régulièrement s’interroger sur leurs pratiques. S’engageant sur des terrains pédagogiques variés et cependant convergents, multipliant les exemples, les deux auteurs ouvrent de passionnantes pistes de réflexion sur « le droit d’exister en tant que tels » des enfants – droits qui ne fonctionnent que s’ils sont relayés par les adultes. À lire, notamment pour les partisans de pratiques pédagogiques « alternatives » ou « non-autoritaires » – et pour les tenants du vieux système basé sur la compétition et la récompense aussi, bien sûr.

 

* Jesper Juul & Helle Jensen, De l’obéissance à la responsabilité (Pædagogisk relationskompetence – fra lydighed til ansvarlighed, 2002), trad. David Dutarte, Fabert (Des liens pour s’épanouir), 2019

Assiettes lunch

Ce livre, Assiettes lunch, sous-titré (presque) zéro déchet, ravira tant les amateurs de légumes crus et cuits, que ceux de recettes rapides et à petits prix. « Styliste culinaire », comme elle se présente, diététicienne, Lene Knudsen expose ici diverses recettes simples et appétissantes, avec une idée de base : « zéro déchet », pour « cuisiner des parties d’aliments mal-aimés comme les fanes ou les tiges. (…) Des épluchures rugueuses se transforment en pickles, les troncs solitaires des choux ne sont plus écartés et même les tiges trouvent leur place dans nos salades. » Résultat ? Soixante-dix recettes de tomates farcies, beignets de courgettes, falafels, antipasti, rouleaux de printemps et autres soupes de chou-fleur, soupe ramen aux poireaux ou pâtes d’automne... Remarquons que les photographies qui accompagnent les plats ne montrent pas systématiquement des aubergines ou des tomates sorties du pressing, si l’on peut dire. Les opposants à la mal-bouffe se régaleront.

 

* Lene Knudsen, Assiettes lunch (photographies Fabien Breuil), First, 2020

 

 

 

Le Cahier hygge pour les nuls

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Détrompez-vous si vous pensez que le hygge est une mode de plus, avec une seule intention : berner le pauvre récalcitrant qui sommeille en vous. « Le capitalisme n’est pas hygge », apprend-on dans ce livre de Marion McGuinness, Le Cahier hygge pour les nuls. Il était temps de l’affirmer, n’est-ce pas ? Diverses méthodes sont présentées ici pour rendre hygge son chez-soi ou son lieu de travail. L’important est de se sentir bien dans sa vie quotidienne, simplement. « C’est un hymne à un mode de vie équilibré, simple et proche de la nature et de ses rythmes. Le hygge, c’est un bien-être physique et émotionnel, qui dépend de son environnement aussi bien social que géographique, et des choix d’activités qui permettent de se reconnecter les uns aux autres. »

 

* Marion McGuinness, Le Cahier hygge pour les nuls (ill. Marygribouille), First, 2017

 

Bienvenue à Copenhague

Bienvenue a copenhague

Sous-titré « Recettes savoureuses d’une ville 100% hygge », Bienvenue à Copenhague est le genre de cadeau à faire à quelqu’un en partance pour la première fois pour le pays de la Petite sirène – ou de retour. Les recettes que contient ce livre sont pour la plupart simples et alléchantes : risalamande (riz à l’amande), nøddekager (biscuits aux noisettes), byg-grød med selleri (porridge d’orge au céleri), rødkål (chou rouge) et même knæbbrød ou rugbrød (pain de seigle complet). De quoi devenir gourmand, pour qui ne l’était pas. Des articles présentent diverses facettes du Danemark : le « hygge », mode oblige, la parité, la « ville libre de Christiana » (qui « aurait presque des airs de petit paradis sur Terre »), l’importance du vélo à Copenhague… De très belles photos des plats mais aussi et surtout de la ville illustrent ce livre, une réussite dans le genre.

 

* Jane Pedersen, Bienvenue à Copenhague, Mango, 2017

 

Le Bonheur sans illusions

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Que de livres, prétendument venus des Pays du nord, consacrés au « bonheur », ces temps-ci ! Entre « hygge » et « lagom », le bonheur est à portée de main. Écrit directement en français par Malene Rydahl, auteure précédemment de Heureux comme un Danois, ce livre-ci, Le Bonheur sans illusion, est sous-titré : « Beauté, argent, pouvoir, célébrité et sexe ». Malene Rydahl va s’efforcer de nous prouver que le bonheur peut s’atteindre même si l’un de ces précieux ingrédients manque à l’appel. Ses exemples et ses réflexions valent ce qu’ils valent, jusqu’à la conclusion, pleinement dans l’air du temps (autrement dit : enfonçons des portes ouvertes, les lecteurs applaudiront) : « …La vraie réponse au bonheur est en nous, dans la relation avec nous-mêmes : plus on se connaît, plus on est conscient des valeurs qui comptent pour faire nos choix, plus on devient capable de bien naviguer dans la vie, d’éviter les écueils et de profiter pleinement des plaisirs de l’existence sans être aveuglé par les illusions du bonheur. »

 

* Malene Rydahl, Le Bonheur sans illusions, Flammarion (L’art de la vie), 2017

Je te réponds... Moi non plus

Comme les gens qui ne répondent pas aux mails peuvent être agaçants ! Écrit directement en français, ce livre de la Danoise Malene Rydahl, Je te réponds... Moi non plus, s’interroge sur les conséquences des « non-réponses à l’ère digitale » et estime qu’elles peuvent être graves. Lorsque la non-réponse est subite et qu’elle se renouvelle, il s’agit, souligne-t-elle, de ghosting : « ...Le pire tient à la brutalité de cette pratique et au manque d’explications qui laisse ceux qui en sont victimes dans une incompréhension durable. » Et l’auteure, déjà connue en France pour Heureux comme un Danois et Le Bonheur sans illusions, de fournir quelques conseils pour ne plus avoir l’impression de parler dans le vide.

 

* Malene Rydahl, Je te réponds... Moi non plus, Flammarion, 2020

Hypersensibles, de la culpabilité à la bienveillance

« La culpabilité, la réprobation envers soi et la mauvaise conscience s’invitent dans notre façon de vivre. Non seulement nous ne faisons pas totalement ce que nous avons envie de faire, mais nous faisons preuve d’égards envers les autres, nous leur laissons la place, partageons les avantages avec eux et essayons de respecter les accords conclus avec nous-mêmes. » Ainsi Ilse Sand, Danoise diplômée en théologie et psychothérapeute, avise-t-elle les lecteurs de ce nouveau livre, Hypersensibles, de la culpabilité à la bienveillance, consacré à son cheval de bataille. Elle multiplie les exemples, afin de sortir de cette torpeur qui caractérise souvent des individus qualifiés d’hypersensibles lorsque, à tort ou à raison, ils se sentent mis en accusation. « Exercez-vous à porter sur vous un regard bienveillant. » Au-delà des cas personnels, comment ne pas faire une lecture plus sociale, voire politique, de ces lignes, à notre époque de repentance (justifiée, exagérée ?) à tout-va, et alors que nous devrions nous sentir coupables de rire de ci ou de çà – de rire, tout bonnement ? (Dans le même registre et bien qu’il date un peu, rappelons le livre de la SIRIC, Communication ou manipulation, 1982 : ou comment déjouer ces pièges psychologiques que des individus malveillants placent délibérément devant nous.) Un livre pour être soi, tout simplement.

 

* Ilse Sand, Hypersensibles, de la culpabilité à la bienveillance (Venlige øjne på dif selv-slip overdreven dårlig samvittighed, 2019), trad. Christine Berlioz & Laila Thullesen, Josette Lyon, 2020

 

Hygge

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Sous-titré « L’art du bonheur à la danoise », ce livre, Hygge, n’apporte aucune révélation et pourtant, il est présenté comme un succès de librairie, voire comme un phénomène de société. « Le hygge survient lorsque nous savourons le plaisir de l’instant présent dans sa simplicité. » Pour être heureux, ou tout au moins commencer à se sentir bien dans sa peau, s’ouvrir aux autres est impératif, relève Louisa Thomsen Brits, qui, dans ce but, fournit une série de conseils, tous bien dans l’air du temps (notons la parution récente de plusieurs ouvrages sur ce thème). Guerres, terrorisme, fanatisme religieux, changement climatique, chômage, paupérisation, Trump et Le Pen et Fillon… tout va plutôt mal dans ce monde et pour ne pas sombrer dans le désespoir, il peut être utile, argue-t-elle, de pratiquer une sorte de cocooning raisonnable, c’est-à-dire sans exclure quiconque mais au contraire, bienveillant, tourné vers les autres. Louisa Thomsen Brits rappelle que le « hygge », art de la simplicité volontaire, se pratique au Danemark et dans les Pays nordiques depuis longtemps. Ceci explique peut-être cela, peut-on dire, si l’on veut se creuser un instant la tête sur la question de l’œuf et de la poule : la mentalité nordique a créé cette façon de vivre et cette façon de vivre a étayé cette mentalité. Transposer ce « hygge » ailleurs, par exemple en France, pays où le « chacun pour soi » n’a cesse de s’affronter au « m’as-tu-vu », ne nous paraît pas tache aisée. Hélas !

 

* Louisa Thomsen Brits, Hygge (The Book of hygge, 2016, trad. de l’ang. Isabelle Chelley, photographies Susan Bell), Robert Laffont, 2016

Le Livre du Hygge

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Sommes-nous à ce point peu heureux, pour que les livres consacrés au « hygge » soient ici publiés avec une telle constance ? De Meik Wiking, fondateur de l’Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague, voici Le Livre du Hygge (« prononcer HOU-GA » est-il écrit en couverture puisque le bonheur commence comme un souffle, ces deux syllabes). Avec, comme il se doit, les quelques méthodes imparables pour vivre mieux : les bougies chez soi, l’attention portée à ses proches, une alimentation saine mais non restrictive, une tenue vestimentaire appropriée, etc., etc. Un cocooning qui ne serait pas excluant, que les Danois pratiquent au quotidien (notons que depuis peu le Danemark n’est plus le pays où les habitants se sentent le plus « heureux » – puisque relégué à la deuxième place, derrière la Norvège). Pourquoi pas ? Et comme tout paraît simple en cette période électorale dénuée de débats de fond (la culture ? l’éducation ? les conditions de travail ? l’accueil des migrants ? l’environnement ?...). « Le hygge se caractérise (…) par une grande prévenance spontanée. Personne ne se met en avant ou ne domine la conversation pendant trop longtemps. L’égalité est un élément important du hygge – une caractéristique profondément ancrée dans la culture danoise… » Et l’auteur de rappeler que le propre du hygge est le « peu » et le « lent » et que « la simplicité et la modestie sont essentielles au hygge. » De ce point de vue, entendu, et vive la décroissance !

 

* Meik Wiking, Le Livre du Hygge (The little book of hygge. The Danish way to live well, 2016), trad. de l’ang. Marion McGuiness, First, 2016